mercredi 19 mai 2010

Sumatra

Du 10 avril au 10 mai 2010

Bouahhhh!!!! Reprendre le blog en solo n'est finalement pas si facile… vu que petit à petit j'ai laissé lara gérer entièrement la rédaction de onseratoujoursdescrevards, aujourd'hui je peine devant le fait accompli... l'écrit se perd!!!
Remarque pas si mal cette petite phrase pour sensibiliser mes lecteurs à la souffrance que j'endure devant une page blanche… déjà je le sens on pleure sur mon sort et on me pardonne la manière dont mes récits vont être décrits…
Donc après les quinze jours agréablement touristiques passés en Thaïlande avec Lara et vale, je retourne à Kuala Lumpur chercher mon nouveau passeport. Petite halte donc d'une dizaine de jours dans cette capitale asiatique, qui il faut dire est pour moi une des plus sympathique de la région. Cosmopolite, aérée et d'un point de vue culinaire très diversifiée.









Lara attendant ses parents en Thaïlande, je veux profiter une dernière fois de l' Indonésie que j'ai beaucoup appréciée, mais j'ai particulièrement une idée en tête.  Retourner en Papua, cette région (pays!) qui m'a tellement plu et où plus que n'importe où, des gens souffrent du colonialisme capitaliste indonésien, orchestré par nos amis Américains avec leur soif d'or. Ce qui, de plus, contribue à détruire peu à peu un des derniers endroits intouchés de notre planète, en ignorant totalement les cultures ancestrales des tribus indigènes (plus d'infos).
Seulement je ne veux pas faire ce déplacement seul, et la personne avec qui je pensais faire ce voyage n'a pas pu être disponible.
C'est donc avec déception que je renonce, submergé d'un sentiment d'impuissance (à les soutenir) me laissant bas...
 Je décide donc de visiter Sumatra, île de plus de deux mille kilomètres de long, sixième au monde en superficie. De quoi y passer quelques temps et jouir du brouhaha indonésien. Ne voulant pas changer mes habitudes de crevard je décide de partir sans prendre la moindre info, que se soit sur un guide ou internet. Je veux que tout me vienne de mes rencontres. Un peu d'aventure et d'inconnu ne font que pigmenter les voyages!!! Et pour reprendre une citation de Christophe Colomb «On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va.»


Ayant entendu à plusieurs reprises le nom du lac Toba, lieu apparemment hautement touristique, je me lance vers cette destination dans la partie nord de l'île... Mes premiers pas sur les terres indonésiennes me mettent directement dans le vif du sujet! Plus d'anglais, mais du bahasa Indonesia, et c'est avec facilité que me reviennent les bases de cette langue, ce qui m'aide beaucoup à détourner les premières tentatives d'abus de certains! Ah bande de coquins je commence à vous connaître...





Mes premières marches sous la chaleur se font avec les commissures de mes lèvres frôlant mes lobes de lapin... les hello mister, sourires et autres mimiques locales me mettent en béatitude. Je vous adore chers indos, bande de gros gamins!!
 Après une douzaines heures de bus (local à souhait), nous atteignons ce fameux lac qui est le résultat d'une explosion d'un volcan géant il y a quelque 74000 ans...(voir lac Toba) créant ainsi une étendue d'eau de 100km de long sur 30 km de large. C'est donc le plus grand lac d'Asie du Sud-Est.



Ayant eu un sentiment d'oisiveté ces derniers temps, je ne m'éternise pas plus de 3 jours sur la petite île de Tuktuk, pourtant si paisible et si reposante.
J'en profite tout de même pour découvrir rapidement la culture Batak de la région à travers l'architecture de ses maisons (me rappelant celles du pays Toraja à Sulawesi) et de quelques coutumes ancestrales cannibalesques.












Recherchant un peu d'activité plus physique, je décide de partir vers le nord près des monts Sibayak (hantés par les esprits, d'après mon informateur local...) et Sinabung, culminant respectivement à 2212m et 2640m. Pour ma première marche, j'opte pour le mont Sinabung, qui à vue d'oeil me semble plus difficile à grimper.






Déposé au pied du volcan par un bus au petit matin, c'est tranquille cousin, que je débute mon ascension à travers des champs cultivés, en demandant mon chemin aux vilains s'efforçant de produire de bonnes récoltes avec la (nouvelle) mauvaise habitude d'utiliser leurs asperseurs bourrés de pesticides... 
Petit à petit c'est une forêt tropicale (voir le wikimini) ou plutôt forêt humide secondaire que je commence à gravir. Mais en sandales en plastique à trois francs six sous, cela se révèle moins facile que prévu, mes pieds glissant sans cesse sur mes semelles foireuses! A tel point qu'après une petite heure de marche, une cassera net, me laissant pieds nus dans cette humidité ambiante... grrhhh... 



Ne me décourageant point je continue mon ascension d'environ une heure dans la forêt, puis sur une pente un peu abrupte, sorte de long couloir rocheux érodé par les pluies. N'étant qu'â quelques dizaines de minutes estimées du sommet, je crois apercevoir derrière la montagne un orage se dessiner!! Ah non!! Ne sachant que faire, vu la situation, et surtout les risques en cas de grosse averse je fais piteusement demi-tour, me disant qu'il est plus sage de redescendre. Trop sage sûrement puisque la pluie passera à côté... grhhhh et encore plus grrrhhh quand arrivé en bas les pieds écorchés je croise une italienne seule qui s'apprête à gravir le volcan et y passer la nuit!! pfff quelle crevure je fais parfois!!! Mais dans le fond je crois que j'affectionne cette façon d'être... hehehe!!!
Mais pour revenir à cette sagesse, quel dilemme elle provoque chez moi! Son antonyme n'est-il pas aventureux... difficile de s'imprégner de l'un sans perdre l'autre...






                                                     jolie la bebete...

De retour pieds nus en ville (là ça le fait un peu moins quand même!) je me trouve une belle paire de sandales d'occase à 70 centimes d'euros... preuve que je dois aimer ça la gueuserie!! hihihi!! En fait ce n'est qu'une question de recyclage...













Donc tout rejoui de mes exploits  je réitère l'expérience le lendemain sur le mont Sibayak, hanté d'après mes premières sources mais démenti sur place! ah flûte! Mais ne riez point parce que chez les indonésiens les histoires de fantômes ont une grande place... brrhhh
Normalement dite facile, cette ballade me prendra plus de 7h, mais je parviens tout de même cette fois au sommet et peux découvrir le cratère fumant et sentant désagréablement le soufre. En redescendant même par un autre versant, j'ai le bonheur de découvrir des sources d'eau chaude, judicieusement exploitées par les habitants d'un village, qui y ont crée des piscines relaxantes. Un pur plaisir!!!










Ma troisième et dernière étape dans le nord de Sumatra me mène vers le Parc National Gunung Leuseur, principalement connu pour son sanctuaire pour orang-outan à Bukit Lawang.
Sur l'île de Bornéo, avec Lara, nous avions refusé de nous compromettre à l'activité zooesque en ce qui concernait les orang-outan (même si cette forme de préservation est peut-être utile aujourd'hui...), et c'est pas ici seul que je vais changer d'avis! Ne pas aller les déranger c'est pour moi les préserver, et si aujourd'hui ils ont besoin d'humains je préfère laisser place aux spécialistes.







 En fait ce qui m'attirait dans ce parc, c'est qu'après avoir examiné une carte de Sumatra nord, j'avais remarqué qu'il y avait une montagne de plus de 3000m, que je voulais gravir si possible. Mais en me rendant sur place je découvre que toute introduction seul dans le parc est interdite! Soi-disant pour protéger les inconscients (comme moi?) de pénétrer et se perdre dans la jungle, mais aussi dans un souci de préservation, ce qui ma foi est un bon point! Mais ceci dit je suis pas sur qu'un indonésien, guide ou pas, respecte plus la forêt que je ne le ferai...???...
Je me permettrai juste d'ajouter une autre raison: séquestrer la forêt pour s'en mettre plein les fouilles!! J'ai rencontré un jeune australien qui a payé 1500 000 R. pour passer 2 nuits et trois jours dans la jungle, et de plus est revenu un peu désenchanté! Bon faut dire qu'il était pas très doué en négociation (j'étais présent), et qu'à moi ensuite ils ont proposé un peu moins de 1000 000 R. Et quand on sait que le salaire d'un ouvrier agricole ne dépasse pas les 1000 000 R. pour le mois, je crois qu'ils profitent bien du soi-disant parc à preserver... et surtout leur profits, je ne pense pas qu'ils les dépensent dans des produits naturels qui préserveront leurs forêts... attristant!!!






recolte du caoutchou,

et vente...

Je passerai tout de même 3 nuits en guesthouse, motivé par l'impressionnante bibliothèque de livres français. Puis au cours d'une promenade, l'orée de la forêt d'un coté, et une rivière faisant office de limite du parc de l'autre, je réussis à me dégoter un petit cabanon de paysan situé en pleine jungle (cette fois une vraie forêt tropicale humide), à 15mn de marche de toute vie humaine, sans électricité, gaz, ou lit... un cabanon quoi!!!








Ce petit havre de paix nature est comme un petit paradis même si un sentiment de solitude ne cesse de me tourmenter... avec Lara ce serait parfait parce que seul dans la jungle avec la nuit tombant à 19h, sans bougie les deux premiers soirs (mais tout de même une lampe torche), c'est un peu incorfortable... d'ailleurs, combien de personnes aiment à rester seul la nuit dans une forêt... ou jungle...
J'y passe 4 jours et 4 nuits , à cuisiner au feu de bois, marcher et observer la nature: le petit oiseau au joli ventre orange (wiki), la loutre?, le petit varan, le lézard vert fluo, le lézard à l'étrange cou se gonflant et se dégonflant dans la seconde, les macaques à longue queue venant chaparder autour du cabanon au crépuscule et à l'aube, et le singe thomas's leaf à ventre blanc  (ecology asia) que je rencontre 3 fois, alors que mon ami australien me disait n'avoir même pas pu observer ce fameux spécimen de primate...

                                                   mais ou sont ils?






Je pensais donc rester sept jours dans ce cabanon, mais au matin du cinquième jour (après une bonne nuit), une lumière m'est apparue!!! (Conséquence de la solitude qui pousse à penser...) Clarté que je résume par un proverbe africain:
Seul, on marche plus vite; à deux, on marche plus loin!



jeudi 29 octobre 2009

du 15 au 23 octobre
Un petit regard triste vers Lara... et je file prendre le bus pour Kubah National Park, à quelques kilomètres de Kuching où apparemment je devrais trouver des bungalows dans la jungle à prix correct. Seulement arrivé sur place, les soi-disant bungalows sont en réhabilitation et les autres chambres disponibles sont pleines!! ah! Quelle veine!! Elle commence bien ma virée en solitaire...


Sans trop réfléchir je rebrousse donc chemin, mais en faisant du stop (ne voulant pas me farcir les quelques trois kilomètres que je venais juste de marcher sous un accablant soleil tropical...). Pas même dix minutes d'attente et c'est un malaisien d'origine chinoise qui s'étonne de la présence d'un "blanc touriste" sur une route déserte, en train de tendre un doigt lui rappelant cette étrange façon qu'ont ces individus d'arrêter une voiture...



Il s'appelle Habee et va livrer des noix de coco (issues de son exploitation) à Kuching (ma supposée destination). Je lui raconte donc ce qui m'amène dans les parages, et comprenant que mes plans des jours prochains sont malléables il me propose de le suivre, pour visiter sa plantation dont il m'expliquera le fonctionnement (au point d'en détailler les chiffres...). Tant d'hectares, de cocotiers, de travailleurs, d'investissements... Il confirme une de mes croyances sur les chinois... Ils ont le business dans la tête! Le soir je suis invité dans un restaurant calme au bord de la rivière avec trois de ses amis (chinois et hommes d'affaire également..) où j'apprendrai la façon de boire ou plutôt de se saoûler façon asiatique... (quand ils boivent ce n'est généralement pas pour goûter comme nous pouvons le faire avec un bon vin ou un verre de Scotch, mais pour se saoûler...) expérience on ne peut plus intéressante ma foi, surtout que moi je ne bois pas! Nous, occidentaux, avons quand même beaucoup à apprendre sur la façon de se comporter lorsqu'on est saoûl...



Apres une nuit courte chez Habee, je reprends donc la route vers le nord, n'ayant pas de destination précise, juste le nord...
Il est environ dix heures du matin quand je retends le pouce et c'est un policier de Kuala Lumpur, ici pour affaire personnelle, qui sera mon premier hôte sur quelques petits kilomètres. Juste le temps de lui raconter la mésaventure que nous avons subie avec Lara à Cameron Highlands quelques mois plus tôt, et donc mes appréciations personnelles sur les compétences de la police malaise (dans les deux sens du mot... hihihi!!). Il me dépose et me gratifie d'un billet de 50 ringgit (trois nuits d'hôtel par exemple..) comme pour s'excuser (je présume) de l'incompétence de ces collègues... et c'est en disant un "non" poli à l'occidentale que je prends le billet, pour ne point offenser sa sensibilité asiatique...
Ravi, je reprends la route avec Xeen et son ouvrier bangladais qui, après une cinquantaine de kilomètres, m'inviteront à prendre le déjeuner, et après une photo souvenir, me donneront un chapeau de paille pour les marches ensoleillées... que demander de mieux!!




Donc le ventre bien plein je repars et suis embarqué une nouvelle fois par Abu et Mr Kelara sur plus de 500 km!!! Ils vont dans la région de Mukah pour rencontrer des ouvriers qui travaillent pour eux dans les plantations de palmiers à huile...!! Oui j'ai bien dit pour eux!! Je suis embarqué avec des propriétaires terriens qui participent à la destruction des forêts tropicales de notre planête... eh bein merde!! (excusez l'expression mais là...). Et qui vont en plus m'inviter à passer le week-end avec eux! Petite hésitation... mais bien sûr que je vais y aller, être immergé dans le coeur du problème écologique que nous dénonçons à longueur de temps, faut pas râter une telle occasion mordi!!!




Je passerai donc trois jours deux nuits avec mes nouveaux compagnons (tout à leur frais... je crache dans la soupe mais je bois dedans... hihihi!! ) qui sont vraiment sympathiques même si nous sommes totalement opposés sur la question de préserver les dernières forêts tropicales. Moi je leur parle de DESTRUCTION des forêts et eux me répondent DÉVELOPPEMENT de terres inutilisées... et ce ne sont pas mes arguments de petit voyageur blanc qui vont leur faire changer d'avis...





Ensemble nous explorons les alentours de Mukah, à la rencontre d'autres propriétaires et de locaux travaillant dans ces exploitations. J'apprends beaucoup sur la culture de ce fameux palmier et de la façon dont elle se developpe... que dire de plus... à part qu'il ne nous reste plus qu'à espérer que la conscience de leurs actes les rattrape un de ces jours...
Néanmoins j'ai passé 3 jours agréables avec mes amis destructeurs, à bavarder, pêcher... visite de villages (longhouses), soirée karaoké, et une fameuse dégustation de larves de charançons rouges crues et cuites... mmmm!!!







Après ce petit week-end riche d'expériences je reprends mon chemin toujours vers le nord... en direction du parc national de Similajau situé le long de la côte ouest de Bornéo, où j'espère passer quelques jours de détente. La chance m'accompagnant, je me retrouve seul (touriste) dans le parc pendant trois jours...... paisible solitude avec la nature.....








Puis (non contre toute attente de ma part...) débarque Lara... et la route continue sur onseratoujoursdescrevards.